Rodolphe Roux (à gauche) et Dr. Thierry Deschamps de Paillette (à droite) - ©Fedem
Dr. Thierry Deschamps de Paillette : « Le métavers apporte des degrés de liberté supplémentaires »
L'Association des Directeurs Informatiques (DSI) de Monaco (ADIM), présidée par Franck Chiniard, et le Club Informatique de Provence (CIP) ont organisé une conférence-diner le 6 octobre dans le tout nouveau Centre de Performance de l'AS Monaco à La Turbie sur le thème des métavers.
Dr. Thierry Deschamps de Paillette, Professeur de Chaire Supérieure en Sciences de l'Ingénieur, Architecte Système, et Conseil en investissement sur les nouvelles technologies, et Rodolphe Roux, Architecte Métavers, y ont expliqué ce qu’est un métavers, quelles sont ses applications, dont certaines sont déjà en développement, comment en mettre en place, et plus généralement comment ne pas se tromper à son égard.
Pendant le diner, Xavier Battle (Siemens Healthineers), Julien Jalouzet (AS Monaco), et Stephan Bruno (Direction de l’Expansion Économique) ont apporté leurs retours d’expériences, pour expliquer comment ils intègrent le Web 3.0 dans leur stratégie, et quelles en sont les contraintes.
Créée en 2000, l'ADIM rassemble les Directeurs de Système d'Information (DSI) de presque une cinquantaine d’entreprises représentant tous les secteurs de Monaco, de la TPE aux grands groupes. Au-delà de faciliter les communications entre ses membres, au travers notamment d’un groupe Linkedin fermé, et de faciliter la communication des informations importantes, comme celles de l’Agence Monégasque de Sécurité Numérique (AMSN), elle organise des événements et des rencontres entre ses membres. « Nous faisons intervenir des entreprises du secteur, comme des Éditeurs de logiciels qui viennent présenter des solutions, mais aussi des entreprises extérieures au secteur informatique dès lors qu’elles apportent un plus aux membres », précise Franck Chiniard. L’ADIM entretient aussi des relations avec d’autres clubs informatiques, dont le Club Informatique de Provence (CIP) avec qui elle a organisé cette conférence-diner spéciale « Metaversification ».
Célèbre depuis que Facebook a lancé son propre métavers, et s'est renommé en "Meta", il s'agit encore d'une technologie naissante, mais qui est appelée à grandir très vite. Bloomberg prévoit une taille du marché de 800 millions de dollars dès 2024, et Citi affirme que l'économie du Métavers pourrait atteindre 13 000 milliards de dollars en 2030.
Dr. Thierry Deschamps de Paillette a d'abord défini ce qu'est un métavers : « un environnement numérique immersif, interactif et persistant, qui offre une Méta-interface permettant d'interagir en temps réel avec d'autres utilisateurs et des actifs réels ou virtuels dans un espace digital partagé à l'aide d'interfaces homme/machine ». En d’autres termes, si le Web 1.0 a permis la communication à sens unique et le Web 2.0 la communication interactive entre les utilisateurs, le Web 3.0 permettra l'immersion interactive de chacun dans un monde virtuel. « Le métavers apporte des degrés de liberté supplémentaires, mais il faudra bien faire la distinction entre l’"Open Metaverse", où la donnée appartient à l’utilisateur, et le "Closed Metaverse" où elle appartient au propriétaire du métavers » a-t-il précisé. Il en a présenté des exemples d'application en notant qu’elles sont très étendues : si l’éducation est déjà le deuxième pôle d’investissement dans les métavers, on peut aussi prévoir que le marché de la rencontre en ligne sera transformé. Il a aussi insisté sur les contraintes techniques, dont les besoins en puissance de calcul et donc en électricité : « Un avatar pendant une heure coûte actuellement 30 centimes au producteur de métavers ». Il a enfin détaillé l’organisation et les étapes nécessaires à la mise en place technique d'un métavers. Un nouveau marché est en train de naître, qui demandera de nouvelles compétences, comme celle de concepteur de métavers.
Rodolphe Roux a expliqué que si beaucoup se posent des questions, il ne faut pas se tromper : « Une mauvaise approche serait de considérer le métavers comme un business, alors que la bonne est de le considérer comme sociétal ». Dans les faits, nous allons tous être projetés vers des comportements liant le réel et le virtuel, comme on commence déjà à le voir avec les applications de Réalité Augmentée. Les DSI doivent donc dès maintenant s’y préparer.
Pendant le dîner, trois intervenants ont partagé leurs retours d'expérience. Xavier Battle a présenté les avantages qu'apportent les nouvelles technologies, et notamment la simulation 3D, aux techniques médicales, et comment Siemens les intègre dans sa gamme et dans son programme éducatif. Ensuite Julien Jalouzet a présenté la stratégie Web 3.0 développée par l'A.S. Monaco pour renforcer l'engagement des supporters du monde entier. Enfin, Stephan Bruno, Directeur de la Direction de l'Expansion Économique, a affirmé la volonté du Gouvernement Princier d'être précurseur sur le métavers, c'est-à-dire aussi d’en anticiper les risques, et notamment la question de la Propriété Intellectuelle : la Principauté ne doit pas se laisser voler son nom et son image dans le monde virtuel. Aussi il a appelé à une gouvernance du métavers.
Cette soirée a ainsi permis aux DSI de mieux comprendre ce qu'ils auront à mettre en place très rapidement pour répondre aux demandes de leurs utilisateurs et des clients de leurs entreprises.
