Nous chefs d’entreprises, prenons des risques au quotidien. La vie économique est pleine d’imprévus, de nouveautés, de hasards heureux et malheureux. Nous devons anticiper en permanence, et prendre des paris sur l’avenir, misant parfois jusqu’à notre fortune personnelle, en pondérant par des estimations la probabilité que certains événements surviennent.

La gestion du risque Covid par le Gouvernement Monégasque a dû se faire sous les mêmes contraintes, et tout ce qui est fait actuellement dans le cadre de la stratégie vaccinale va dans ce sens. Les probabilités sont en effet écrasantes : si peut-être quelques-uns souffriront, hélas, d’effets secondaires du vaccin, ils seront beaucoup moins nombreux que ceux que le vaccin sauvera d’un Covid long ou d’un décès. Aussi, nous devons nous vacciner même s’il existe un risque individuel, car la survie de tous, tant au plan sanitaire qu’économique en dépend.

C’est pour cela que nous soutenons cette campagne vaccinale et demandons que tous nos salariés puissent être vaccinés au plus tôt.

À l’opposé, la transposition en droit monégasque de la 5ème Directive de l’U.E. en matière de prévention du blanchiment de capitaux, du financement du terrorisme et de la corruption, telle qu’elle est rédigée, nous pose problème. Nous avons découvert tout d’abord une Ordonnance-Souveraine (n° 8.634) parue le 29 avril 2021 au Journal de Monaco en contradiction avec la Loi n°1 503 du 23 décembre 2020, et qui va beaucoup plus loin que la Directive. Parallèlement, deux projets de lois très restrictifs et intrusifs pour les libertés individuelles et pour vos activités économiques ont été déposés au Conseil National, eux aussi beaucoup plus contraignants que le texte européen.

Appuyés par la FEDEM, plusieurs Syndicats de branche concernés viennent de se mobiliser en déposant devant le Tribunal Suprême un recours en annulation de cette Ordonnance Souveraine.

Si nous soutenons pleinement un alignement de Monaco sur les mesures contenues dans la 5ème Directive de l’U.E., nous refusons en revanche toute interprétation extensive qui rendrait la loi plus contraignante à Monaco qu'ailleurs, engageant notre responsabilité pénale, et portant atteinte à la compétitivité de notre économie.

Pourquoi dans un cas, celui de la santé, le Gouvernement Monégasque prend-t-il un risque calculé, et dans l’autre, celui de l’argent, décide-t-il de sur-transposer en imposant des procédures inquisitoires qui feront fuir nos clients et nos investisseurs ?

Philippe Ortelli
Président